L'infirmière d'Argenta ressemblait trait pour trait à celle de Jadielle. J'en avais déjà entendu parler et j'avais été prévenue que ce serait le cas dans chaque ville, mais dans ce genre de conditions, on ne peut pas s'empêcher d'être étonné. Le moins qu'on pouvait dire, c'est que ce n'était pas commun, et que ça avait de quoi perturber.
Pendant qu'elle faisait l'exact même rituel que dans la ville précédente -prendre mon Pokédex, puis mes Pokéballs, pianoter sur son ordinateur- je la détaillais. J'enquêtais. J'étais prête à accepter qu'elles soient jumelles, il n'y avait aucune différence entre elles deux. Mais je savais que ce n'était pas le cas. Il n'était humainement pas possible pour une humaine de porter dans son ventre suffisamment de fœtus pour pouvoir placer une de ses filles dans chaque Centre Pokémon de chaque ville d'une région. Je savais par ailleurs que pour beaucoup, elles étaient cousines.
Je continuais de m'interroger sur leur patrimoine génétique. Leurs parents partageaient-ils la même ressemblance ? Cela me semblait nécessaire, et pourtant loin d'être suffisant.
Les Pokémon étaient loin d'être les seuls mystères que renfermaient ce continent. Si l'évolution avait permis à des semblant de chiens de cracher du feu, elle avait aussi fait sa dose de bizarrerie sur les humains que je ne pouvais expliquer. Il me faudrait encore du temps avant de penser comme une véritable Kantonaise.

Autre mystère que je n'expliquais pas sur l'instant : de nouveau, je n'avais pas à payer de taxe ce mois-ci. Il est vrai que je n'avais que très peu d'argent, mais tout de même suffisamment pour me payer un ticket de tombola, qui n'étaient pourtant pas donnés. J'imaginais alors que la taxe était peut-être calculée sur les revenus précédents, et que je venais tout juste de commencer mon activité de coach et d'agent, à ce titre les registres ne pouvaient pas communiquer mes revenus. C'est comme cela que cela marchait, en Russie. Ou alors cette loi visait essentiellement les plus fortunés.
De toute façon, je ne m'intéressais pas à la politique. Dans l'état d'esprit dans lequel j'étais, j'avais bien plus important à faire : me mettre au service de la Justice. Il n'était pas question de discuter les lois. Je ne devais que les faire appliquer. Et il était urgent que j'aille accomplir ma mission !

"Je vous remercie beaucoup," dis-je à l'infirmière tandis qu'elle me rendait mes Pokémon.

Je prenais la direction de la porte quand je passai devant le tableau d'affichage. Il m'apparut comme une évidence que je devais y laisser mon numéro et y faire ma publicité, tout comme j'avais fait à Argenta. J'interpelai Joëlle, à distance :

"Je laisse mon numéro là, je suis coach !"

Le mot était, dans les grandes lignes, le même que celui laissé dans l'autre Centre Pokémon. Je n'avais rien de plus à dire, et rien ne me laissais croire que je pouvais trouver formule plus efficace.
Sans plus m'attarder, je quittais le bâtiment et reprenais ma route.


#MDJ : annonce affichée dans le centre

"Coach nouvellement arrivé à Kanto propose ses services pour vous aider à l'entraînement. Travail sérieux et rigoureux. Contactez-moi au xx.xx.xx.xx.xx.
Natasha Pavlovna Zemlia"