Je n’aurais jamais songé à prendre la peine d’écrire de nouveau ici, mais les circonstances m’y obligent. Je ressens un véritable besoin d’externaliser mes pensées sur un support, de clarifier mes idées et de canaliser mon agitation. Autrement, je finirai sûrement par devenir complètement fou à force de ressasser les derniers événements.

C'est finalement arrivé. Je n’ai jamais cessé de lui répéter que cela finirait par se produire, qu’elle n’était pas à l’abri d’une attaque et qu’elle devrait défendre chèrement sa peau pour survivre. Cependant, il y a bien une chose que je n’avais moi-même pas envisagé : jamais je n’aurais imaginé être témoin d’une telle scène. Mes scénarios hypothétiques ne considéraient que la cause et le déroulement de cette éventualité. Si seulement j’avais pris soin de réfléchir aux conséquences qu’elle impliquerait… j’aurais pu éviter ce désastre. J’aurais pu me préparer à faire face aux répercussions d’un tel incident. Je me hais d’agir encore de façon aussi naïve.

Elle était là, juste sous mes yeux. Prisonnière, apeurée. Le regard qu’elle m’a adressé… je le connais bien. C’était celui d’une personne prise au piège, incapable de se défendre, ne pouvant qu’attendre de subir son triste sort. Je me suis immédiatement projeté en elle ; à cet instant, j’ai eu l’impression de me retrouver à sa place, alors que je me trouvais debout, devant elle, hanté par les souvenirs du passé.

Après ceci, je n’ai que très peu de souvenirs de ce qui s’est réellement passé. J’ai réagi spontanément, laissant mon instinct guider mes gestes. La seule chose dont je me souviens vraiment est d’avoir été submergé par une pulsion sanguinaire si enivrante qu’elle a pris le dessus sur toutes mes fonctions. Cela faisait bien longtemps que je n’avais pas ressenti un tel désir meurtrier ; peut-être même n’avait-il jamais atteint des proportions aussi démesurées.

Aveuglé par ma fureur, je l’ai cependant blessée. Accidentellement, certes, mais le mal était fait. Pourtant, malgré mon erreur, elle n’a pas hésité à me remercier de ce que j’avais fait pour elle. Mais était-ce vraiment le cas ? N’ai-je pas simplement réagi car sa situation faisait écho à la mienne ? Pourtant… je ne peux nier que sa gratitude ne m’a pas quelque peu troublé.

Je dois continuer à en apprendre plus. Bonnie Chester… tu ne t’en es peut-être pas encore rendue compte, mais en agissant de la manière la plus naturelle qui soit pour toi, tu honores admirablement le marché que nous avions convenu. Continue de me surprendre…