La pluie battait dans mon salon dévasté, plus de toit pour nous en protéger, enfin, nous…
J’avais repris connaissance au beau milieu de ce fatras, la pluie battait encore et plus fort davantage, mais des braises virevoltaient toujours dans l’air amer. J’entendais le feu des cadavres crépiter autour de moi, pas un seul râle signalant d’autre survivant.
Rampant plus en avant, je découvris la dépouille de ce qui avait été ma femme, espérant revoir une dernière fois son fin petit visage, je constatais qu’il était désormais entièrement calciné, ses derniers traits marqués d’effroi. Elle avait du se précipiter vers nos enfants pour les évacuer, mais c’était peine perdue, l’incendie les avaient emportés eux aussi, je ne pouvais me résoudre à les regarder dans leur état actuel.

Plus haut, perché sur le seul mur encore debout, les serres puissantes, enfoncées profondément dans le plâtre, notre prédateur fixait l’œuvre de sa dernière chasse. Il s’agissait d’un oiseau dont l’envergure dépassait les deux mètres, des ailes flamboyantes, un corps teinté d’or, un regard incandescent, terriblement intelligent. Pensant sa besogne terminée, il broya ce qui restait de l’édifice pour prendre son envol, bientôt je ne le vis plus dans le ciel.
Les légendes parlaient de ce monarque des cieux embrasé comme d’un gai annonciateur du printemps. Soit, alors l’an prochain ou les suivants, de printemps le monde se passera.