La sonnerie était assourdissante. Voilà des années que je n'avais pas changé de réveil. Celui-ci fonctionnait bien, mais il commençait à jouer sur mes nerfs. Je l'éteignis et me levai immédiatement. Il n'y avait pas de place pour la flemme dans ma vie, il n'y en a jamais eu.
Je me dépêchai, sur la pointe des pieds, pour me précipiter dans la salle de bain. Je n'avais pas envie de traîner, il faisait un peu frais ce matin, et j'étais nue. J'avais la chair de poule. C'est une sensation qui me rappelait un peu chez moi. Enfin, la Russie. Chez moi, c'était Kanto maintenant. J'avais du mal à l'accepter.
La chair de poule, une sensation que l'on aimerait éviter, et en même temps je la trouvais agréable. Mais il n'y avait pas de place pour la nostalgie dans ma vie. Il n'y en a jamais eu.
Je me glissai sous une douche bien chaude qui me réveillait. L'air devint très vite très humide et difficile à respirer, mais j'en avais pris l'habitude. L'eau cascadait dans mes cheveux et finissait sa course en ruisselant derrières mes cuisses. Encore une fois, je ne traîna pas.
Je nouai une serviette autour de ma poitrine, puis j'enroulai une seconde autour de mes cheveux. J'avais déjà posé des habits sur la table de nuit, hier soir. Ma petite valise était prête, aussi. Je n'avais qu'à me sécher, me brosser et m'habiller, et je pouvais de suite partir.
Mon regard s'était posé sur mon diplôme, l'espace d'un instant. Ce bout de papier représentait une splendide réussite pour certains, mais pour moi, c'était un minimum. Je me devais de faire parti des forces de l'ordre. C'était toute ma vie. On ne pouvait pas me retirer ça.
Je sortis de la chambre et referma derrière moi. Je pouvais déposer la clef au secrétariat et partir comme cela, tout avait été vu avec l'intendance la veille. Je n'avais plus aucune raison de revenir à la résidence de l'académie.
Il n'y avait pas un bruit dans les couloirs. On ne pouvait pas en dire autant à propos de cette nuit. Mes camarades de promotion avaient tenus à fêter leur diplôme. Je les enviais un peu, mais je n'arrivais pas à m'amuser en leur compagnie. Je ne savais pas vraiment si c'était que j'avais entre six et dix ans de plus qu'eux, ou bien simplement parce que l'amusement et la détente restaient des concepts qui m'étaient relativement étrangers. Il n'y avait que le devoir et la Justice dans ma vie. Il n'y avait jamais eu qu'eux.