Saisit par le froid, Nathaniel s’engagea sur la route d’un pas pressé. Dans les rues c’était la caricature d’un bel hiver qui s’installe, on ne croisait personne. Le soleil descendait sur l’horizon et le peu de chaleur qu’il apportait disparaissait avec ses rayons. Les dernières feuilles tenaient encore aux branches, signe d’un automne clément. Mais déjà l’air était vif et il était hors de question de partir à la tombé de la nuit et cela même si Jadielle n’était qu’à quelques kilomètres. Se rappelant les mots du Professeur Chen, il ouvrit sa valise et chercha l’orbe rouge et blanche. Il libéra Yanma qui ne s’envola pas aussitôt, préférant réchauffer ses muscles. Nathaniel en profita pour sortir un petit carnet où il avait noté l’adresse d’un hôtel au cas où. Il la mémorisa et se mit en route, bientôt suivit par Yanma.
« - Dorénavant je t’appellerai Cléyia. » se décida Nathaniel alors qu'elle le dépassait. En signe d’acquiescement, Cléyia se maintint à sa hauteur un bref instant avant de s’envoler au dessus des toits. Le silence régna de nouveau.
Plusieurs minutes passèrent avant qu’ils n’atteignent l’hôtel. Lorsqu’ils franchirent enfin la porte, Nathaniel était frigorifié. Ses joues étaient rougit par le froid et ses mains gelés. Cléyia, pour se réchauffer, avait volé plus ou moins vite tout le chemin. Content de trouver un lieu calme, Nathaniel laissa sa valise sur un petit bureau qui se trouvait dans la chambre avant de sortir prendre un bon repas. Sur le chemin du retour, il pensa prendre quelques friandises pour Cléyia. En entrant dans la chambre, il la trouva, perché sur la chaise de bureau, endormi. Épuisé, il ne tarda pas à se laisser tomber sur le lit et à sombrer dans un monde tourmenté.
***
Assis sur un lit bien fait, Nathaniel alluma une petite lampe de chevet. Il n’était pas tard mais l’hiver faisant, la nuit s’annonçait déjà. Dans son dos, les jambes sous la couverture, Linda somnolait. D’un geste lent pour ne pas la réveiller, Nathaniel porta une main timide sur le ventre rond de son épouse. Pendant quelques instants il ferma les yeux, attentif. Une main vint se poser sur la sienne.
« - Qu’est-ce qui te tracasse autant ? » demanda Linda qui émergeait d’un léger sommeil. Croisant son regard, Nathaniel hésita.
« - On me propose d’encadrer les prochains concours à Rosalia. » finit-il par dire.
« - C’est une très bonne nouvelle ! Pourquoi tant d’inquiétude ? »
« - Je ne veux pas te laisser toute seule quand le bébé arrivera. » avoua Nathaniel.
« - Rosalia n’est qu’à une heure de route. Ce n’est pas si loin. Et... nous t’attendrons toutes les deux. » répondit Linda en souriant.
Sur ces mots doux, Nathaniel vint se coucher à ses côtés. Il glissa ses doigts dans les siens et l’embrassa tendrement.
« - Tu es toujours la plus raisonnable des deux. »
« Parce que tu deviens déjà un papa trop gentil. » s’amusa Linda. Ils s’enlacèrent et sentirent chacun la chaleur de l’autre. Leurs visages se touchèrent et ils s’embrassèrent de nouveau.***
Dans la chambre d’hôtel, Nathaniel était déjà réveillé. Des larmes perlaient sur ses joues. Ne trouvant pas la force de les arrêter, il resta à pleurer, seul dans le noir.
Quand les premiers rayons percèrent la fenêtre, il était l’heure de partir. Il se rinça le visage et rangea ses affaires en silence. Il réveilla Cléyia qui dormait toujours et, lui laissant le temps de se préparer, lui offrit les friandises de la veille. Ensemble, ils quittèrent la douceur de la chambre et se retrouvèrent de nouveau à marcher, dans la fraîcheur du matin.